Les accidents de décompression

Mécanisme

Lorsqu'un être vivant respire des gaz inertes sous une pression supérieure à la pression atmosphérique, son organisme est naturellement soumis aux lois de la physique: ainsi, les gaz respirés vont diffuser au travers de la membrane alvéolo-capillaire et se dissoudre dans le sang. Ils seront ensuite distribués à l'ensemble des tissus.

Si l'on peut considérer que l'oxygène sera consommé sur place, il n'en est pas de même pour les gaz inertes (comme l'azote) qui devront être restitués à l'atmosphère lorsque le pression ambiante diminuera.

La décompression du plongeur devra donc tenir compte, en fonction du temps écoulé et de la profondeur atteinte, de ces échanges gazeux, souvent décrits en termes de saturation et désaturation des différents compartiments de l'organisme.

Ces profils de décompression sont calculés à l'avance et donnés par les "tables de plongée".

A la descente :
Il y a absorption d'azote dans les tissus du corps.
A la remontée :
Il y a élimination de l'azote des tissus.

Si celle-ci est progressive,

le dégazage est contrôlé (micro bulles) ;

Si le rapport entre la tension d'azote et la pression absolue est trop important, le dégazage est anarchique avec formation de macro bulles.

Ces bulles provoquent la formation de manchons dus aux agrégats plaquettaires,
ce qui entraîne une embolie au niveau de la circulation pulmonaire et un ralentissement circulatoire en amont de celle-ci;
certains territoires de l'organisme ne sont plus irrigués d'où ischémie.

CAUSES

Lors de la remontée,

l'état de sursaturation critique peut être atteint si la différence entre la tension de gaz dissout et la pression ambiante est trop grande.
Ainsi, lors d'une ascension trop rapide, par exemple,

le gaz dissout retrouve brutalement sa forme gazeuse;

des bulles se forment dans les tissus entravant la circulation sanguine et l'oxygénation des cellules.

 

Les facteurs favorisant l'accident de décompression sont :

- l'hypercapnie,
- le travail musculaire intense
avant,
pendant
ou après la plongée (natation intense en surface par exemple),
- les plongées successives ou comportant de nombreuses remontées, même normales, vers la surface ("ludion"),
- l'asthénie, quelle soit physique, psychique ou intellectuelle,
- le manque entraînement,
- le stress,
- le froid,
- l'obésité,
- les repas riche en lipides,
- les âges extrêmes,
- les atteintes hépatiques, pulmonaires ou cardio-vasculaire.

 

Celui-ci survient :

60% dans les 15 minutes suivant le retour en surface
80% dans l'heure suivant le retour en surface
85% dans les 3 heures suivant le retour en surface
2% après 6 heures suivant le retour en surface

Les accidents cutanés :

SYMPTÔMES

En règle général, on admet qu'après 12 heures, il n'y a guère de risque de voir se déclencher un accident de décompression.
 
Ce sont des démangeaisons superficielles ("puces")
ou des boursouflures de la peau ("moutons").
Ils sont dus à un dégazage dans la partie profonde de la peau. Isolés ces accidents ne représentent aucun danger et ne nécessite pas de recompression.
Cependant, il ne faut absolument pas les négliger car ils annoncent souvent des accidents plus importants.
( Ils surviennent essentiellement en atmosphère sèche )

PRÉVENTION

- Respecter scrupuleusement .
la vitesse de remontée
la durée et la profondeur des paliers
- Ne pas plonger en état de fatigue physique ou psychologique,
- Ne pas effectuer plus de deux plongées par période de 24 heures,
- Ne pas plonger à jeun, ni après un repas riche en graisse,
- S'interdire toute boisson alcoolisée avant de plonger,
- Si remontée catastrophe . redescendre à demi profondeur
- Pas de manoeuvre de Valsalva ou de gonflage de la bouée à la bouche lors de la remontée ou aux paliers
- Pas d'apnées après la plongée

Les accidents ostéo-articulaires :

Également appelés "bends", ils siègent le plus souvent au niveau d'une grosse articulation d'un membre soumis au travail.

Il s'agit d'une douleur articulaire dont l'intensité augmente avec le temps

Les accidents neurologiques (70% des cas) :

Les accidents médullaires sont les plus fréquents.

Le premier signe est souvent
une impression de faiblesse intense,
d'angoisse ou de douleur en ceinture.
Généralement, l'apparition est progressive avec des fourmillements dans les membres inférieurs qui peuvent se terminer en paralysie.
Une difficulté à uriner est parfois le premier signe devant donner l'alerte.
Le temps de latence est généralement court ( quelques minutes ) et d'autant plus que la plongée est profonde.

Les accidents vestibulaires :

Peu de temps après l'émersion, survient

un vertige intense, rotatoire, accompagné de nausées et de vomissements.

Un certain degré de surdité peut être observé.

Ne pas confondre avec un barotraumatisme de l'oreille et l'on devra tenir compte des éléments suivants :

- absence de douleur à la descente,
- existence d'un temps de latence,
- profil de la plongée.

Les accidents cérébraux :

Rares, ils sont le fait de dégazages massifs avec forçage du filtre pulmonaire envahissant l'ensemble de la circulation artérielle de l'organisme.

Il se présente comme hémiplégies flasques accompagnée d'aphasie ou de la perte de la vision d'un oeil.

Les accidents cardiaques :

Les accidents dits "généraux" :

Le signe essentiel est l'asthénie, intense, brutale, survenant peu de temps après la sortie de l'eau, qui oblige le plongeur à se coucher et à dormir, parfois encore en vêtements de plongée. Elle s'accompagne parfois d'une angoisse également intense, de modification des sensibilités ou de mal de tête.

CONDUITE A TENIR

Recompression et oxygénothérapie
- Alerter le centre hyperbare le plus proche
pour une recompression dans les plus brefs délais.
Celle-ci provoque un dégonflage des micro bulles qui, ramenées à leur rayon critique, vont s'écraser et disparaître.
- Oxygénothérapie ( débit de 15 l/mn)
qui a pour effet d'accélérer l'élimination de l'azote au niveau des poumons et accroître le transport de l'oxygène dissout
- Donner de l'aspirine (0,5 g)
afin de fluidifier le sang en réduisant le phénomène d'agrégation plaquettaire.
- Donner un vasodilatateurs type "sermion lyoc" (2cp)
pour combattre l'action vasoconstrictrice de l'oxygène.
- Donner du "torental" (1cp)
qui améliore l'écoulement du sang par le biais d'une augmentation de la déformabilité des hématies.
- Faire boire de l'eau douce en grande quantité (1 litre)
pour combattre la déshydratation.
- Relever le profil de la plongée et des précédentes si il y a lieu